REGARDS CROISES
Sexologie
Conseil conjugal et familial

Naissance du conseil conjugal et familial

En France, le Conseil Conjugal et Familial apparaît vers 1950. Ces années d'après guerre sont marquées par la période des « Trente Glorieuses » et l'arrivée de la société de consommation. La société évolue. L'influence intellectuelle du courant existentialiste notamment exprimé par Sartre se développe et rencontre une forte audience dans les milieux universitaires et artistiques. Il n'est pas étonnant de voir monter un fort désir de libération, précurseur de Mai 68. A cette époque, le mouvement féministe très influent se bat pour obtenir la reconnaissance de la contraception.

C'est en 1947 que Marie-Andrée Lagroua Weil-Hallé découvre les méthodes utilisées par les médecins anglo-saxons en visitant les cliniques américaines du Birth control (contrôle des naissances) initiées par Margaret Sanger. Elle communique ses découvertes à l'Institut de France en mars 1955. Lagroua Weil-Hallé, médecin catholique, désirait aider et informer les couples dans les domaines de la régulation des naissances, de la stérilité, de la fécondité... En mars 1956, elle fonde avec le docteur Pierre Simon « La Maternité Heureuse » afin de prévenir les drames de l'avortement en développant la connaissance de la contraception au sein du couple. Cette association deviendra en 1960 le MFPM (Mouvement Français de Planning Familial). C'est dans cette mouvance qu'apparaît la profession de conseillère conjugale et familiale.

Une formation agréée par l'Etat

Les principaux organismes qui assurent la formation au conseil conjugal et familial sont l'Association Française des Centres de Consultation Conjugale, (AFCCC), le Centre de Liaison des Equipes de Recherche (CLER), la Fédération Nationale de Couple et Famille, la Fédération Nationale des Parents et des Educateurs (FNEPE), l'Institut des Sciences et de la Famille (ISF), et la Confédération Nationale du Mouvement Français pour le Planning Familial (MFPF). Tous ces organismes sont accrédités par le Conseil Supérieur de l'Information Sexuelle (CSIS), qui définit les champs d'interventions des CCF en référence à la sexualité.

Agréée par le Ministère des Affaires Sociales, la formation au conseil conjugal et familial comprend 400 heures d'enseignement théorique et pratique réparties en général sur deux années avec un minimum de deux stages obligatoires de 40 heures. Elle est accessible aux personnes titulaires d'un diplôme d'Etat professionnel ou universitaire dans les domaines médical, paramédical, social, éducatif, psychologique, juridique ou d'animation ou en son absence à ceux qui ont obtenu l'attestation de formation d'Education à la Vie

Soucieuse d'une meilleure reconnaissance et de l'émergence d'une identité spécifique de la profession, l'Association Nationale des Conseillers Conjugaux et Familiaux, ANCCEF, assure une fonction de regroupement et de représentation de la profession auprès des pouvoirs publics.

Les champs d'intervention d'une conseillère conjugale et familiale (d'après un document du C.S.I.S., Mars 2002)

Le premier champ d'intervention d'une CCF demeure l'entretien social avant l'Interruption Volontaire de Grossesse (IVG).

La loi du 4 juillet a supprimé l'obligation pour la femme de devoir se soumettre à l'entretien pour être autorisée à réaliser une IVG. La conseillère assure une prise en charge psychique. Elle permet à la femme d'élaborer une parole qu'elle a besoin d'émettre pour se situer dans une histoire particulière.

La CCF assume également une fonction « d'animatrice » en créant des liens de communication entre les différents acteurs concernés par cette IVG.

Le deuxième champ d'intervention des CCF est l'Education à la sexualité et à la Vie Affective dans le cadre des projets d'établissements des institutions scolaires.

Ces actions éducatives des CCF sont complémentaires du rôle spécifique des familles et des enseignants.

" Elles doivent permettre aux jeunes de découvrir que la sexualité est un merveilleux moyen d'expression et d'épanouissement lorsqu'elle s'inscrit au coeur d'une relation affective où le respect de soi et de l'autre, le don et le plaisir partagé sont présents " (Marie-Jo GACEK).

L'éducation à la sexualité a pour objectif de permettre et de renforcer chez les élèves :

Le troisième champ d'intervention des CCF est l'Education à la sexualité et à la Vie affective des jeunes en difficultés de scolarisation.

Ce champ d'intervention comprend : l'espace de l'éducation nationale, les institutions périscolaires de quartier, les lieux d'accueil institutionnels : centres de planification, établissements d'informations, hôpitaux, justice, prisons...

Les missions et les rôles de ces CCF , animatrices sur l'éducation à la vie et à la sexualité, concourent à construire une parole éducative pour que chaque jeune puisse exprimer « ça » parole, pour maîtriser et vivre son destin sexué à travers une délibération consciente.

Le quatrième champ d'intervention des CCF est la prise en charge par les institutions des violences subies par les femmes et les enfants.

Cette prise en charge se situe à différents niveaux : accueil dans les lieux institutionnels spécifiques ou dans des institutions publiques à diverses vocations : hôpital, commissariat, centres d'orthogénie ou de planification.

Dans ce cadre, les missions de la CCF sont les suivantes :

Le cinquième champ d'intervention d'une CCF est l'accompagnement et la remise en cause des institutions concernées par les problématiques de la sexualité.

Par leur origines professionnelles diverses et multiples, elles sont à même de remettre en cause le fonctionnement des institutions qui ne répondent pas ou plus aux besoins des personnes.

Par leurs pratiques, leur savoir être et savoir-faire dans l'établissement d'une relation à autrui, elles doivent être à même d'aider, accompagner d'autres professions (policière, auxiliaire de justice, infirmière, enseignante...), à assumer des missions et des fonctions impliquant la sexualité dans ses expressions variées et complexes.