REGARDS CROISES
Sexologie
Conseil conjugal et familial

Rêve de femme - une nouvelle de Gabrielle Delestre

C'était une matinée de printemps primesautière. Une douceur inaccoutumée pour ce début de saison avait déshabillé les passants. Voiles légers et cotonnades diaprées transformaient les silhouettes en aquarelles délicates. Les corps s'offraient au soleil d'avril, avides de ses premiers rayons. Les bourgeons nouvellement éclos parfumaient l'air de fragrances acidulées, aiguisant les sens. Cette journée s'annonçait pleine de promesses.

Chloé avait quitté son domicile un peu plus tard que prévu pour s'offrir une matinée de shopping. Coincée dans les embouteillages de ce mardi matin, elle se délectait de la douceur de l'air, offrant aux prémices du printemps, son corps tiède et son esprit rêveur. Encore un feu rouge. Haendel égrenait une sarabande pleine d'alacrité. En vérifiant sa coiffure dans le rétroviseur, elle se trouva jolie à l'aube de ses 40 ans. Mince et élancée, les yeux d'un bleu profond, les cheveux châtains, légèrement ondulés encadrant un visage menu et tonique. Après un divorce douloureux, Chloé avait sombré dans la déprime, s'enfermant chaque jour davantage dans son chagrin. Elle n'arrivait pas à réaliser le deuil d'une relation de plus de dix ans. Elle s'était alors plongée dans son métier d'orthophoniste pour oublier sa souffrance et son sentiment d'échec. C'est grâce à une amie qu'elle était allée consulter un thérapeute de couple qui l'avait aidée à cheminer et à se reconstruire. Aujourd'hui, elle se sentait bien dans sa tête, prête à revivre une aventure amoureuse. Décidément la vie était belle. S'étirant, elle laissa vagabonder son regard d'une voiture à l'autre... C'est alors qu'elle l'aperçut ou plutôt, qu'elle les aperçut. Des MAINS. Des mains posées négligemment sur un volant de voiture. Des mains fines et élégantes aux jointures délicates. Elle tressaillit. Son regard glissa sur un poignet serti d'une gourmette en acier, puis remonta jusqu'aux avant-bras musclés et légèrement bronzés qui dépassaient d'une chemise de lin blanc retroussée. Alors qu'une décharge électrisait brusquement son corps, une délicieuse volupté l'envahit. Le feu passa au vert, la voiture démarra. A qui appartenaient ses mains de rêve. Mue par un désir soudain, Chloé prit la voiture en chasse. Elle désirait ardemment découvrir le visage de cet homme. Quel âge avait-il ? Quelle allure ? Grisée par cette envie incongrue, elle se mit à rire, accéléra et entama une course poursuite. Elle se sentait tout à coup légère, libre, prête à suivre un inconnu dont les mains d'une beauté à couper le souffle, l'avait chavirée. La berline vert sombre filait en direction du Nord de la ville. La circulation était dense et la jeune femme manqua de la perdre à plusieurs reprises. Le conducteur semblait connaître les lieux parfaitement. Chloé stoppa brusquement à un feu. Au loin, la voiture de son bel inconnu disparaissait dans le flot de la circulation. Elle allait perdre sa trace... Quand le feu passa au vert, la 407 avait disparu. Désappointée, elle conduisit sans but durant quelques instants. Elle ne s'expliquait pas cet élan soudain pour un homme dont elle n'avait admiré que les mains. Elle s'interrogeait, étonnée d'elle-même, troublée par ce désir qui l'avait submergée et l'avait guidée durant cette demi-heure.

La douceur voluptueuse qui avait envahi son corps n'avait pas totalement disparu. Elle se sentait engourdie aux prises avec un rêve délicieux dont le souvenir la rendait d'une extrême sensibilité. Elle désirait ardemment préserver ces sensations déroutantes qui avait pris possession de son corps la rendant un instant étrangère à elle-même. Elle décida de garer sa voiture et de s'offrir un temps de repos au bord de l'eau sur un quai ensoleillé. L'air était doux, le soleil radieux. Sa marche rapide avait rosi ses joues. Son corps souple ondulait au rythme de ses pas. Elle se sentait belle, gourmande de vie et de désir. Avisant un banc solitaire, elle décida de prolonger sa rêverie, en se laissant bercer par le doux clapotis de l'eau venant lécher la berge. Elle ferma les yeux. Elle revit alors distinctement les mains de cet homme inconnu. A qui pouvaient-elles appartenir ? Un musicien ? Un chef d'entreprise ? Un universitaire ? Un ébéniste... Tout excitée, elle choisit le musicien. Elle avait été frappée par la longueur des doigts et leur finesse. Pourquoi pas un pianiste ? Quel pouvait-être son âge ? De nombreux fils argentés dans une chevelure châtain l'invitèrent à lui donner entre 45 et 50 ans. Oserait-elle continuer l'aventure et planter le décor de cette rencontre, LEUR rencontre ? Un scénario prenait forme peu à peu. Un scénario où se jouerait cette idylle inattendue et singulière dans la vie bien orchestrée et peut-être trop cadrée de Chloé.

Fermant à nouveau les yeux, abandonnant tout contrôle, elle décida de laisser libre cours à son fantasme. Elle se retrouva roulant à vive allure sur une route de campagne, à la recherche d'un pianiste aux mains de rêve, prête pour une aventure stupéfiante où l'imprévu de la situation irradiait son corps de délicieux picotements. Quittant la route principale, elle s'enfonça sur un chemin caillouteux. La végétation, dynamisée par les premiers rayons printaniers, colorait le lieu d'un camaïeu de verts acidulés. Peu à peu se dessinèrent les contours d'une maison de maître aux façades lézardées. Au loin, les notes d'un concerto de Bach virevoltaient dans l'air limpide, lui rappelant la présence de celui qu'elle cherchait. Chloé approcha lentement. Par la porte-fenêtre entrouverte, elle distingua une vaste pièce à la décoration très contemporaine. Le noir et le blanc dans une subtile harmonie se répondaient en écho. De superbes œuvres figuratives parsemaient les murs éburnéens de quelques touches de couleurs vives. La jeune femme s'avança lentement, s'imprégnant de la beauté du lieu à la sobriété monacale. Frissonnante, elle retenait sa respiration. C'est alors qu'elle le vit. A peine courbé sur le clavier d'un superbe piano à queue, il évoluait délicatement, tout son être vibrant au rythme de la musique. Ses mains virevoltaient avec une dextérité folle, se jouant des difficultés, plaquant des accords puissants pour, l'instant d'après, effleurer les touches avec une sublime délicatesse. Elle tressaillit, son corps était tendu à se rompre. Comme s'il avait deviné sa présence à ses côtés, il cessa de jouer mais ne se retourna pas. Les mains négligemment posées sur le rebord du piano, il attendit. Ces minutes lui parurent une éternité. Chloé désirait ardemment l'apercevoir, enfin, découvrir cet homme qui l'avait bouleversée. Il prit la parole sans changer de position. Sa voix était chaude, modulée par un léger accent. «Je ne pensais pas que vous oseriez vous aventurer ici. Le lieu est incertain, mystérieux. Entrer dans cette maison, c'est franchir les portes d'un monde inconnu, celui de vos rêves les plus intimes».

« Qui êtes-vous ? » reprit Chloé. « D'où venez-vous ? ».

« Je viens d'un lieu étranger à vous-même et pourtant vous appartenant. Je suis votre création. Vous m'avez modelé selon vos rêves et vos désirs. Me voici devant vous, prêt à me mettre en scène pour donner vie à vos désirs. Je suis une créature issue d'une odyssée à venir, la vôtre, celle d'un voyage inattendu aux confins du désir, de votre désir de femme, Chloé».

Il se retourna lentement et Chloé vacilla sous le regard de braise. Elle le trouva beau. Ses yeux la fixaient mi-rieurs, mi-sérieux l'invitant à poursuivre son portrait. Il la dévisageait à son tour, glissant sur les courbes délicates de son corps en émoi. Elle s'étonnait toujours plus, se laissant prendre au jeu de son fantasme. Que lui arrivait-il ? Quel homme dessinait-elle ainsi ? Qui était-il, cet inconnu qu'elle façonnait à sa guise, et qui émergeait de ses pensées les plus secrètes. Étonnée par son audace, elle se concentra davantage sur les traits de son visage. Abandonnant son regard de braise, elle découvrit un nez aquilin légèrement busqué qui donnait à sa physionomie une personnalité au charme affirmé. La bouche délicatement ourlée mettait en valeur un ovale marqué par une mâchoire saillante. Les cheveux poivre et sel coiffés en brosse accentuaient une allure très virile. La silhouette légèrement bronzée était élancée. Chloé était irrésistiblement attirée par cet homme. Elle le trouvait terriblement séduisant et avait une furieuse envie de le toucher. Une chaleur envahissait peu à peu son corps qu'elle aspirait à lui abandonner. Une fine chemise de flanelle blanche ainsi qu'un pantalon à larges pinces mettaient en valeur sa silhouette athlétique. Sûr de lui, détendu, il lui souriait. Elle se sentait mise à nu par cet inconnu et perdait toute assurance. Que lui arrivait-il ? Était-elle prête à se laisser mouvoir vers des rivages inconnus, des sentiers inexplorés d'où émergerait peut-être une facette insoupçonnée de sa personnalité ? Face à cet homme surgi de nulle part, la jeune femme avait le sentiment d'être devenue étrangère à elle-même. Voici une heure, elle était sûre d'elle, sûre de l'image qu'elle renvoyait aux autres, parents, amis collègues... Et voilà que tout devenait flou, incertain.

« Qui suis-je ? » pensa-t-elle. « Ces pensées m'appartiennent-elles réellement ? ».

« Oui Chloé » reprit-il, « ces pensées sont les vôtres. Acceptez-les et tentez l'aventure. Quelle femme êtes-vous Chloé ? Quels sont vos désirs, vos envies les plus intimes ? Qui se cache derrière cette jeune femme tranquille ? Vous m'avez créé dans le but de vivre une aventure qui vous révélera à vous-même. Laissez-moi vous guider et vous permettre de découvrir vos nombreuses harmoniques. Telles les touches d'un piano qui par le jeu de doigts experts déclinent une myriade de mélodies, je ferai vibrer vos accords les plus secrets, vous dévoilant votre nature de femme, enflammée, capricieuse et rayonnante ».

Chloé, immobile, se laissait bercer par les accents de cette voix chaude et sensuelle. Que désirait-elle ? Abandonner cette rêverie érotique qui la rendait étrangère à elle-même ou continuer ce périple étonnant la plongeant au cœur de ses désirs de femme ? Une voix lui susurrait déjà de poursuivre l'aventure, de glisser dans les méandres envoutants d'un monde grisant où le corps se mettrait en scène pour exprimer toute une palette de sentiments et d'émotions voluptueuses et sensuelles. L'inconnu s'était remis au piano. Les notes de ce concerto de Bach entouraient Chloé d'un voile musical délicieux. Elle se laissait envahir par cette mélodie sublime, tous ses sens en éveil. Chloé s'approcha du pianiste. A nouveau, elle contempla ses mains. Ses mains fines et musclées qui prenaient possession du piano avec force et souplesse. Son esprit chavira. Quelle femme «était-elle ? Elle n'y avait jamais vraiment pensé. Et voici qu'elle dialoguait avec une autre femme, enfouie aux tréfonds de son être. Une femme qu'elle ne connaissait pas encore et qui l'invitait sur des chemins non balisés, ceux de ses rêves les plus audacieux, ceux de ses désirs de femme. Désir, ce mot aux résonances multiples emplissait son être.

Elle s'approcha doucement du piano. Il continuait à jouer, un sourire aux lèvres... patient, presque distant. Son cœur se mit à battre plus vite. Elle acceptait le challenge. Elle avait décidé de partir à la rencontre de ses rêves de femmes, de ses fantasmes. Elle incitait cette autre femme tapie en elle à exprimer ses émotions. Doucement, elle s'allongea sur le piano. Le bois laqué était froid. Le piano vibrait délicieusement sous son corps. Elle ferma les yeux, savourant l'attente... Quelle allait être la suite du scénario. Elle se retourna sur le ventre et lui fit face. Plongeant ses yeux dans les siens, elle soutint son regard flamboyant où se lisait l'émergence d'un désir maîtrisé. Sa robe de mousseline plaquée sur sa peau laissait entrevoir la naissance de sa gorge profonde. Le regard de l'inconnu glissa imperceptiblement de ses yeux à son buste. Son visage touchait presque le sien. Elle sentit ses tétons se durcirent sous la puissance du désir. Mais elle avait tout son temps. Détournant le regard de son visage, elle s'abandonna avec fascination à la vision de ses mains sur le clavier. Les doigts d'une finesse exquise glissaient sur les touches, virevoltant au gré de la partition. La pression légère ou plus affirmée offrait un relief au concerto le parant d'une rare intensité. Elle ferma les yeux, rêvant de se fondre à l'instrument et d'entrer ainsi en contact avec les mains du pianiste pour découvrir la musique insolite de son corps. « Quelle mélodie me proposerait-il ? » pensa-t-elle, « quel tempo ? ».

« Une mélodie qui sous des accents classiques laisse entrevoir son infinie variété » déclara-t-il. « Laissez-vous envahir par la musique. Ne pensez plus. Laissez vos sensations vous guider. Ces notes sont pour vous. Elles glissent sur votre corps et vous caressent sans fin ».

Alanguie sur le piano, Chloé s'abandonna peu à peu et laissa vagabonder son esprit. Et son corps, irrésistiblement, épousa l'instrument au point de ressentir le jeu subtil et sensuel de l'artiste. Ce fut tout d'abord comme un tressaillement de tout son être. Une cascade de noires pointées enserrait ses reins de délicieux frissons. Son bassin se mit à onduler au rythme de la musique. Elle imaginait les doigts du pianiste remonter le long de sa colonne vertébrale par légères pressions et redescendre jusqu'à la naissance de ses fesses. Ils imprimaient un rythme souple à son corps qui s'ouvrait à des sensations nouvelles. Une chaleur irradiait le bas de son ventre, en même temps que s'y lovait une tension presque douloureuse. Les doigts s'appropriaient la musculature de son dos, sensibles au moindre de ses mouvements. Chloé n'avait jamais ressenti aussi intensément les multiples harmoniques de son corps. Mais avait-elle osé s'y intéresser d'une manière si particulière avant cet instant ? Quel regard posait-elle sur sa silhouette ? Elle se trouvait belle, désirable et elle aimait faire l'amour mais n'avait jamais réellement réfléchi à ce qu'elle ressentait. Ici, elle s'ouvrait à elle-même, à sa propre sensualité. Son corps vibrait et elle osait mettre des mots sur ses multiples sensations. Chloé guidait maintenant les mains longues et fines de l'artiste. Graciles, elles étudiaient la courbe de ses seins. Tantôt fougueuses et impatientes, tantôt lascives et comme absentes, elles caressaient, effleuraient, pinçaient, excitant terriblement ses fruits lourds et sensibles, symbole de sa féminité. Chloé adorait ses seins. Elle appréciait de les mettre en valeur à travers des voiles légers ou des petits hauts moulants. Elle sentait souvent le regard des hommes glisser sur sa poitrine généreuse mais elle n'avait jamais osé s'interroger sur son ressenti. Aujourd'hui, alors qu'elle se délectait du jeu de ces mains d'homme sur sa poitrine, elle faisait resurgir en flashs successifs tous ces regards et son désir en était décuplé. Être convoitée, se sentir désirable et jouir des yeux d'un inconnu, de cet instant subtil où l'intensité d'un regard vous révèle à vous-même. Fulgurance du désir qui tel un éclair déchirant le ciel vous transperce et irradie fugitivement votre corps. Et vous vous sentez sublime, unique, légère et sensuelle. Tout à coup, le monde autour de vous se transforme : le ciel devient plus bleu, la douceur de l'air est exquise, les passants sont avenants, la vie vous appartient... Son corps vibrait à l'unisson de ses pensées. Dans son jardin secret, au cœur de son intimité précieuse, une source abondante jaillissait. Son corps s'ouvrait au désir de la rencontre, l'invitant à poursuivre sa quête. Telle une plage de sable fin, où les vagues dans un va et vient incessant recouvrent indéfiniment une terre vierge, son corps se laissait emporter par la houle du plaisir. Peu à peu, surgissait un désir d'abandon total. Abandonner ses résistances et ses pudeurs mais aussi ses peurs. Peur de ne pas être à la hauteur, de ne pas ressentir ce que les autres disent ressentir, peur également de découvrir la puissance de son désir de femme. A nouveau son regard glissa sur les mains délicates de son bel inconnu. Doucement, elle les prit dans les siennes pour les contempler. Les doigts longs et fins s'étaient immobilisés, en attente. Avec une précaution infinie, Chloé y déposa ses lèvres. La peau légèrement veinée était d'une incroyable douceur. Elle huma le parfum léger qui s'en dégageait. Quelques notes d'agrumes se détachaient d'un bouquet plus épicé. Elle ferma les yeux pour laisser monter en elles ses multiples fragrances puis lentement elle inclina la tête pour atteindre la base du poignet et commença à le mordiller. Découvrant la paume offerte, elle se mit à suivre de ses doigts la ligne de vie, se jouant des fines aspérités et remontant ainsi jusqu'à la naissance des doigts aux ongles parfaitement manucurés. La main telle une sculpture, se laissait regarder, emprisonner et caresser avec patience et désinvolture. Chloé sentait l'excitation monter. Avide de cette peau, elle se mit à lécher les doigts un par un avec douceur puis voracité. Chloé suffoquait de plaisir. Les doigts souples et fermes sous sa langue s'abandonnaient négligemment alors que ceux de l'autre main avait choisi de partir à la découverte de contrées inconnues. Descendant le long de ses reins, ils avaient joué avec la fermeture de sa robe et prenant tout leur temps, avaient soulevé un pan du tissu soyeux et coloré pour découvrir la courbe délicieuse de ses fesses recouverte d'un boxer de satin. C'est alors qu'ils avaient suivi l'ensemble des découpes du mini short. Passant près du nombril, ils avaient effleuré son pubis pour continuer leur exploration dans le creux des reins et jouer avec la dentelle noire et précieuse du sous-vêtement. Chloé avait abandonné le piano pour faire face à l’inconnu. Elle avait le souffle court, les jambes flageolantes. Elle sentait monter en elle une onde de plaisir d'une puissance infinie. Qu'attendait-il pour aller plus loin et la prendre totalement. L'excitation devenait douloureuse. Elle haletait, les seins tendus, les lèvres rouge sang. Une bouffée de chaleur la submergea. Abandonnant sa main, elle s'agrippa à lui pour ne pas tomber et ferma les yeux. De sa main libre, il la plaqua contre lui et continua son périple, sourd aux appels de Chloé. Ses doigts découvraient à présent la courbe dodue de son fessier. Le satin plus tendu offrait une surface lisse, douce et ronde. Chloé n'en pouvait plus. Sa source intime inondait son sexe qu'elle se représentait mentalement. Tel une vallée profonde et mystérieuse parcourue par une source limpide, il s'ouvrait pour vivre une rencontre riche et féconde. Palpitant de désir, il prenait vie pour accueillir un autre sexe doux et chaud qui l'explorerait et se nourrirait de ses délices. Chloé étouffa un cri. Les doigts avaient cessé de jouer avec ses courbes charnues. Ils se frayaient un chemin dans les replis de sa vallée dense et sublime. Glissant souplement au cœur de la source tiède, ils prenaient possession des lieux par des massages délicats et précis, caressant son bouton avec une douceur exquise. Chloé maintenue à bout de bras sombrait dans une profonde extase. Quand il fit glisser le boxer à terre et qu'il la souleva, l'invitant à lui entourer ses reins de ses jambes, Chloé avait été déjà parcourue par une onde profonde et violente de plaisir. Semi comateuse, elle écarta ses cuisses pour l'accueillir et vibrer à son rythme. Son sexe était dur et puissant. Il prenait possession de son intimité avec un plaisir inouï, lui susurrant des mots sensuels. Quand elle ouvrit les yeux pour le contempler au moment de son ultime jouissance, alors que tout son corps se tendait tel un arc et vibrait à se rompre, Les traits de son bel inconnu s'estompèrent, des bruits surgirent de nulle part alors qu'un souffle léger effleurait son visage en feu.

Chloé se réveilla tout à coup. S'était-elle endormie sur ce banc ? Et combien de temps ? Le soleil était haut dans le ciel. Plus loin, un groupe d'étudiants riaient fort tout en dégustant des sandwichs. Quelle heure était-il ? Chloé se sentait bizarre. Elle s'étira et ressentit des courbatures dans son corps. Son rêve lui revint à l'esprit... Elle sourit, songeuse, étonnée d'elle-même et de son fantasme. Surprise par ce rêve puissamment évocateur, Chloé se leva. Légère et désirante, heureuse de vivre et chargée d'une énergie nouvelle. Le visage de cet homme entraperçu dans son rêve auréolait le paysage d'une intense luminosité. Le signe de cette rêverie était évident pour Chloé. Elle s'autorisait enfin à vivre son désir de femme. Elle renaissait charnellement à la vie. Elle se dirigea d'un pas léger vers le centre-ville. Ses blessures étaient cicatrisées et elle était prête pour une nouvelle rencontre. La vie était belle !

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